Le premier semestre 2025 confirme une dynamique préoccupante pour l’immobilier neuf. Avec moins de 26 000 logements commercialisés aux particuliers, l’activité recule de -11% sur six mois. Cette tendance s’est même accentuée au second trimestre, affichant une baisse de -15%, après un premier trimestre déjà en repli de -6%. En d’autres termes, le marché national a enregistré 3 000 réservations de moins qu’à juin 2024, et un écart saisissant de 27 600 unités par rapport à juin 2022.
Le rôle crucial des investisseurs (et leur absence)
Sans surprise, les investisseurs sont le maillon faible de cette chaîne depuis le début de l’année. Moins de 5 000 logements ont été réservés sur ce segment au premier semestre, soit deux fois moins que sur la même période en 2024. Pour mémoire, ils représentaient plus de 28 000 réservations au premier semestre 2021, illustrant l’ampleur du désengagement.
La lueur d’espoir des occupants
À l’inverse, la situation est plus nuancée pour les réservations d’occupants, qui affichent une progression de +8% sur le début d’année. Ce segment représente désormais plus de 4 réservations sur 5, devenant le moteur principal du marché. Cette légère embellie peut être attribuée aux nouvelles règles du PTZ entrées en vigueur ce printemps, bien que la dynamique soit potentiellement freinée par l’inversion de la courbe des taux d’intérêt en mai, une première depuis décembre 2023 selon l’Observatoire du Crédit Logement.
Les ventes aidées : une tendance forte
Dans le détail des ventes aux occupants, les ventes ‘aidées’ (TVA minorée) progressent à un rythme similaire aux ventes en libre (TVA pleine) ces derniers mois. Leur proportion atteint désormais un tiers des ventes aux accédants, contre seulement un quart en 2022, ce qui souligne l’importance croissante des dispositifs de soutien à l’accession.
Offre et Stock : stabilité trompeuse
Le volume de nouveaux logements mis en vente, bien que légèrement supérieur aux réservations sur le 1er semestre, accuse une baisse de -17% par rapport à 2024. Couplée à la nette diminution des retraits d’opérations, cette dynamique conduit à une stabilité de l’offre de logements à la vente, estimée à près de 82 000 logements au 1er juillet 2025, un volume très proche de fin décembre 2024. Cette stabilité masque toutefois une difficulté structurelle du marché à se renouveler.
Tendances régionales : des disparités notables
Au niveau régional, l’Île-de-France se montre relativement stable sur le premier semestre, avec un peu plus de 8 100 réservations. Parmi les métropoles régionales, seule Lyon dépasse les 1 000 logements réservés sur six mois, suivie par le Franco-Genevois (830) et Aix-Marseille (moins de 800). Parallèlement, des zones comme le littoral des Alpes-Maritimes et l’agglomération toulousaine continuent de voir leurs volumes chuter.
Après la phase d’« effondrement » du marché (fin 2022-début 2023, avec une baisse de 40% des volumes de réservations et presque autant des mises en vente), puis celle de la « purge » (fin 2023-fin 2024), où plus de 30 000 logements initialement lancés commercialement auprès des particuliers ont disparu du marché via des retraits d’opérations ou des ventes en bloc, nous sommes désormais dans l’ère de la « grande glaciation ».
Depuis le début de l’année, le marché retient son souffle, tournant au ralenti avec moins de 5 000 réservations mensuelles en moyenne. Si la légère reprise des propriétaires occupants compense en partie l’effondrement des investisseurs, aucune direction franche ne se dessine. Les professionnels anticipent une persistance de cette inertie au moins jusqu’à 2027, en l’absence de mesures législatives ou réglementaires majeures.