Un timide souffle nouveau, sous la menace des turbulences mondiales

Le premier trimestre 2025 aura apporté une lueur d’espoir, fragile certes, au marché du logement neuf. Après une période d’atonie marquée, les statistiques révèlent une progression estimée à 16% des réservations à l’échelle nationale, représentant un volume d’un peu plus de 15 800 unités. Ce rebond, bienvenu, ne doit cependant pas masquer une réalité plus complexe. Les volumes de transactions demeurent significativement en retrait des niveaux observés avant la crise de 2023, soulignant une convalescence encore incertaine.


Plusieurs facteurs conjugués pourraient expliquer ce léger frémissement. Des conditions de financement, bien que toujours sélectives, se sont légèrement assouplies. Une timide reprise de la confiance des ménages, après des mois d’incertitudes, a pu inciter certains acquéreurs à concrétiser leurs projets. Le dispositif « LLI investisseurs » semble également porter ses fruits auprès des particuliers en quête de placements. Enfin, des agglomérations qui avaient particulièrement souffert, à l’image de Nantes, Toulouse, Montpellier ou Bordeaux, connaissent un regain d’activité, possiblement dynamisé par les effets des plans de relance locaux.


Cette dynamique positive, bien que localisée, s’étend d’ailleurs à une large majorité du territoire. Pas moins de 41 des 50 plus grands marchés français ont enregistré une progression des réservations au cours de ce premier trimestre. Il est toutefois crucial de tempérer cet optimisme par un constat : les volumes de réservations restent, dans leur immense majorité, inférieurs à ceux enregistrés au premier trimestre 2022, témoignant d’un chemin vers la normalisation encore long.


L’ombre au tableau, et elle reste de taille, réside dans la persistante crise de l’offre. Avec moins de 10 000 logements nouvellement mis en vente depuis le début de l’année, l’alimentation du marché reste dangereusement faible. Ce chiffre, en recul de 36% par rapport à la même période en 2024, et représentant à peine un tiers des volumes de 2019, illustre une paralysie de la production qui touche l’ensemble des grands territoires, de l’Île-de-France aux métropoles régionales.


Cette pénurie de nouvelles constructions, conjuguée à des retraits de programmes, a des conséquences directes sur le stock de logements disponibles à la vente. Au 31 mars 2025, ce stock a fondu de plus de 20 000 unités en un an, atteignant un niveau critique jamais observé depuis 2011. Un marché sans offre est un marché grippé, où la reprise des réservations risque de se heurter à un mur.


Enfin, pour mémoire, les chiffres des mises en chantier pour l’année 2024, bien que moins catastrophiques que les premières estimations du Ministère (-5% de recul par rapport à 2023), confirment une tendance toujours baissière de l’activité de construction.


Le bilan du marché immobilier à fin mars 2025 révèle un timide rebond dans le neuf, fragile face à une offre toujours limitée. Cependant, les récentes décisions politiques en matière de commerce international introduisent une nouvelle incertitude. Ces tensions pourraient impacter la confiance des ménages et raviver l’inflation, menaçant directement cette fragile reprise. Le marché immobilier, sensible à ces soubresauts, se trouve à un point critique où les signaux positifs pourraient être rapidement effacés par un contexte économique mondial instable. La prudence reste de mise.

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