Le climat d’incertitude évoqué en septembre continue de peser sur les marchés immobiliers. À ce jour, aucun signal tangible ne permet d’anticiper une inflexion. Le marché reste sans visibilité au-delà de quelques semaines, dans l’attente de décisions structurantes : évolution des taux, statut du bailleur privé, politique du logement… autant de leviers bloqués qui freinent les dynamiques.
Les chiffres du troisième trimestre confirment cette inertie. À l’échelle nationale, les réservations de logements neufs reculent de -11 % sur neuf mois, et de -16 % sur le seul T3. L’offre disponible tombe à 84 000 logements, soit 19 mois d’écoulement au rythme observé sur les douze derniers mois.
L’investissement locatif reste fortement pénalisé, avec une baisse proche de -50 % à date. Les ventes aux propriétaires occupants progressent légèrement (+5 %), avec des volumes relativement stables entre accession aidée (TVA réduite) et accession libre (TVA pleine). Les prix, quant à eux, demeurent stables depuis le début d’année, autour de 5 500 €/m² en moyenne nationale (parking inclus, en collectif libre).
Au-delà du segment de la promotion, la situation reste préoccupante sur l’ensemble de la construction neuve. La production continue de se contracter : de 460 000 autorisations annuelles en moyenne entre 2000 et 2019, nous sommes passés à 405 000 sur la période 2020–2025, et à seulement 360 000 sur les douze derniers mois (à fin juillet 2025).
Cette baisse n’est pas homogène. Moins de dix départements concentrent à eux seuls les deux tiers du recul des autorisations entre la décennie 2010 et la période actuelle. Il s’agit des territoires qui accueillent les principales agglomérations françaises : les départements de la Gironde (Bordeaux), de la Haute-Garonne (Toulouse), du Rhône (Lyon), de la Loire-Atlantique (Nantes), ceux de l’arc méditerranéen, ainsi que plusieurs départements franciliens. Ces zones, historiquement moteurs de la croissance économique et démographique, sont aujourd’hui les plus pénalisées par la contraction de l’offre neuve.
Ce déséquilibre territorial s’inscrit dans une dynamique plus large : celle d’un modèle de concentration économique et démographique qui atteint ses limites. Les dynamiques récentes, souvent menées sans planification suffisante, ont engendré une tension foncière durable, une hausse des valeurs immobilières, et un rejet croissant de la construction neuve dans les grandes agglomérations (effet NIMBY).
À ce stade, aucun indicateur ne laisse entrevoir un retournement à court terme. Le marché résidentiel reste marqué par une double tension : un attentisme généralisé sur les plans réglementaire et financier, et une contraction structurelle de l’offre concentrée sur les zones les plus dynamiques. La réorientation territoriale amorcée par les politiques de réindustrialisation pourrait ouvrir des perspectives, mais son impact reste encore marginal sur les équilibres immobiliers.